Dans ce domaine, et au moins autant que dans celui de la marqueterie, il est essentiel de
s'appuyer sur une expérience en ébénisterie "classique". Cette expérience donne toute sa valeur à
celui qui l'utilise, et elle doit s'exercer tant sur l'aspect théorique (la réflexion) que sur le coté
"pratique" (l'exécution).

Il faut tordre le cou une bonne fois pour toutes à ces idées préconçues qui voudraient édicter que
les travailleurs dits "manuels" seraient une sous-catégorie des dits "intellectuels", car comme l'écrivit si
bien Paul Valéry :

"...la main prodigieuse de l'artiste, égale et rivale de sa pensée, l'une n'est rien sans
l'autre."

En effet, la bonne marche d'une restauration demande un enchaînement logique d'opérations
pratiques qui doivent se référer à des travaux déja effectués sous la direction de maîtres reconnus en
la matière.

Il est regrettable de constater que trop de restaurations ont été réalisées sans la juste évaluation
des méthodes à employer, et que le résultat en a été une forte dépréciation du meuble ainsi restauré,
et qui plus est, de manière irréversible. Un élément d'un meuble neuf peut aisément être remplacé,
mais il n'en va pas de même des parties d'un meuble ancien.

L'un des principes de base d'une bonne restauration est, paradoxalement, d'en faire le moins
possible !!!

En effet, il vaut mieux conserver le meuble en l'état dans lequel il se trouve, par des techniques
appropriées, que de vouloir lui redonner l'aspect et les caractéristiques qu'il avait lorsqu'il était neuf.

Le second principe, et pas le moindre, est celui de la réversibilité des travaux engagés, car il faut
garder à l'esprit que les techniques de conservation continuent à évoluer, et que "demain", il doit être
possible de reprendre le travail effectué "aujourd'hui".

Il n'est pas possible ici de pousser plus loin les explications techniques, car elles sont bien trop
vastes pour être résumées sur quelques pages.

Je vous propose néanmoins de voir quelques étapes de la restauration d'une commode L XIV,
d'une chaise gondole Empire et d'un cartel L XV.

Les règles de base énoncées plus haut y sont respectées, et j'aurais pu tout aussi bien évoquer un
meuble massif, un meuble d'appui Napoléon III en écaille de tortue et laiton, un cadre XVIIIe doré à
la détrempe, une statue dorée et polychromiée à la colle de peau, etc ...


Commode L XIV en Noyer, Olivier et Buis
Chaise gondole Empire en Acajou de Cuba
Cartel L XV, marqueterie de
laiton et d'écaille de tortue brune